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Une belle soirée

  • Photo du rédacteur: Lucas V.
    Lucas V.
  • 22 févr. 2023
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 juin 2024

Les lumières de la salle s’allumèrent doucement, tandis qu’entamait le générique de fin sur le grand écran.

Certaines personnes avaient déjà descendu les marches et pousser la porte donnant sur l’extérieur du cinéma, mais Rod resta enfoncé dans son siège, écoutant la musique, les yeux rivés sur les noms qui défilaient. Ça avait été un très bon film. Une histoire de thriller policier autour d'affaires criminelles entre cartels de drogue mexicains et agents du FBI et CIA américains.

Rod resta encore un moment, et fut le dernier à emprunter la sortie, après avoir adressé un signe de tête poli à l’agent de sécurité, qui le lui rendit en souriant poliment à son tour tout en lui gardant la porte ouverte.

Il faisait frais dehors en cette soirée d’Octobre, mais l’air était vivifiant.

Rod descendit les marches donnant sur la rue, enfonça les mains dans ses poches, et pris la direction de sa voiture, garée à quelques pâtés de maisons.

Les yeux baissés sur le sol qui défilait, Rod souriait en pensant au fait que, mine de rien, ça avait été une belle journée, et une bien bonne soirée, avec un bon film. Il adorait aller au cinéma.

Sur sa route, il croisa un homme d’environ une soixantaine d’années. Enjoué par le constat fait de cette soirée et donc de très bonne humeur, Rod lui adressa un sourire très amical et lui dit : « Bonsoir ».

L’homme d’une soixantaine d’année jeta un rapide coup d’œil à Rod puis repris son chemin en resserrant le col de son gilet, mais ne répondit pas, ni même ne lui rendit son sourire.

« Et bordel…c’était une bonne soirée… »

Rod fit demi-tour, attrapa l’homme par l’épaule, le retourna brusquement et lui décocha un coup de poing qui le projeta au sol. Pas encore tout à fait soulagé, Rod lui asséna deux coups de pied dans le ventre, qui firent rendre à l’homme des soupirs de souffrance étouffés.

Puis il écrasa la face de l’imprudent sous sa chaussure.

« Tu veux m’bousiller ma soirée hein ? C’est ça qu'tu veux ? »

L’homme pleurait et gémissait des sons imperceptibles, incapable de parler à la fois à cause des deux coups de pied reçus dans l’abdomen, mais surtout à cause de la semelle de Rod qui lui écrasait le côté droit du visage du cou jusqu’au sommet du crâne.

« Espèce d’enculé d’connard de merde, c’était une bonne soirée, tu peux pas dire bonsoir ? Tu peux pas ? Tu peux pas dire bonsoir hein ? »

Rod lui demanda encore tout en lui assénant des coups de pied dans le ventre, et dans les jambes.

« Tu-peux-pas-dire-bon-SOIR ? » Sur cette dernière syllabe il lui envoya un dernier coup de pied au visage cette fois et, par-dessus la protection de sa ranger, Rod ne sentit qu’à peine le nez et les deux arcades sourcilières du pauvre homme exploser en un effluve de sang. Le visage de cet inconnu qui n’avait pas dit bonsoir n’était maintenant que sang et plaies ouvertes avec, au milieu, ce qui avait été un nez.

« Bordel. » Rod essuya sa chaussure sur le gilet de sa victime recroquevillée sur le sol, l'attrapa par les aisselles et le jeta dans un buisson tout à côté.

On était un dimanche soir, à 23h20, il n’y avait personne dans les rues. Tous devaient être emmitouflés sous leur couette prêts - ou pas - à entamer une nouvelle semaine.

Rod prit une grande inspiration. De la brume s’échappa de sa bouche plusieurs secondes lorsqu’il expira. Il remit les mains dans ses poches, et repris sa route.


Une cinquantaine de mètres plus loin, en prenant l’avant dernière rue avant de parvenir à sa voiture, Rod vit devant lui, sur le même trottoir, un jeune homme d’une vingtaine d’années cette fois. Il avait un sweat gris avec la capuche rabattue sur la tête, et marchait les yeux rivés sur l’écran de son téléphone.

Rod marqua un arrêt.

Aller. Lui, c’est bon. Et la soirée pourra reprendre là où elle en était.

Il s’éclaircit la gorge et se remit en marche, dans la direction du jeune homme.

Arrivé à son niveau, et de manière claire, forte et tout à fait polie encore une fois, il lui adressa un :

« Bonsoir. »

Le jeune homme leva les yeux, regarda Rod de la tête aux pieds d'un air hagard puis revint aussitôt à son téléphone, le tout sans s’arrêter.

Putain…

Rod sortit doucement les mains de ses poches, pris une grande inspiration, fit volte-face, attrapa la capuche du garçon et tira violemment en arrière.

Ce-dernier en lâcha son téléphone de surprise et s’écroula sur le sol.

Cette fois-ci, Rod sortit le pistolet fourré à l’arrière de son jean et écrasa le canon sur la joue du gamin qui couina.

« Putain mais qu’est-ce que vous avez tous à pas vouloir dire bonsoir bande de malpolis de merde ? C’était pas une bonne soirée ? On était pas bien avant vos conneries ? On était pas bien ? »

Le garçon couina de plus belle.

Rod entendit des rires dans la rue, bien plus loin. Il leva la tête, et vit quatre enfants qui s’amusaient au milieu de la rue.

Bordel, on a pas idée de laisser ses gamins comme ça à une heure pareille.

Il comprit qu’une course entre deux des gamins venait de s’organiser. Les deux autres feraient les arbitres.

« Bon écoute moi, gamin. Tu vois les mioches là-bas, ils vont faire une course. Si tu arrives à me désigner lequel des deux va gagner je te laisserai partir, et bordel tu diras bonsoir à toutes les personnes que tu croiseras pour le restant de ta putain de vie de merde. Si tu perds, je t’explose la cervelle avec ça t’as compris ? »

Le jeune homme leva les yeux vers les enfants au loin, puis pleurnicha un semblant d’approbation.

« Très bien alors. Ah, t’as de la chance…bon, tu dis lequel, le gamin avec son t-shirt blanc ou le petit gros avec le pull ? »

Le garçon marmonna quelque chose.

« Quoi ? J’ai rien compris putain. » dit Rod en secouant frénétiquement la tête du garçon par les cheveux.

« - Ce...celui a-avec le t-shirt blanc !

- Ouais, tu m’étonnes. »

Plus loin, les deux enfants s’étaient mis en place, les deux arbitres environ une vingtaine de mètres plus loin. L’un d’eux cria : « et…TOP ! »

Les deux concurrents s’élancèrent, et en l’espace de cinq mètres, le gamin au t-shirt blanc avait déjà mis une bonne distance entre lui et le petit gros qui avait peiné à démarrer et qui, déjà, avait les joues qui se coloraient de la même couleur que son pull.

« Haha j’vais gagner ! » brailla le gamin, alors que l’adolescent sous Rod couinait de soulagement, le flingue toujours enfoncé sur sa joue.

Mais alors que le premier enfant avait doublé la distance qui le séparait de son adversaire, il tourna la tête avec un grand sourire pour narguer le perdant assuré de la course, et trébucha.

Immédiatement, le petit gros au pull rouge regagna du poil de la bête et accéléra de plus belle, rattrapant son retard à une vitesse folle – pour un enfant en grosse surcharge pondérale évidente. L’enfant en blanc serra son tibia entre ses mains, et regarda l’éraflure sur son genou, les yeux larmoyants. Et alors que le petit gros le dépassa, il tenta de se remettre debout. Mais c’était fini. Le petit gros au pull rouge atteignit les deux arbitres avec les deux bras en l’air, et l’un d’eux cria avec une voix de commentateur sportif : « Et c’est le coureur au dossard rouge qui gagne la course !

- Mais ça vaut pas, j’suis tombé !

- Et ben fallait pas tomber ! » lui rétorqua le petit gros en lui tirant la langue.


Plus loin, Rod tourna la tête vers le jeune homme à ses pieds, et sourit de toutes ses dents.

« Et ouais, fallait pas tomber… »

Il enfonça profondément le canon dans la bouche de sa victime et tira.


A la détonation, les enfants tournèrent la tête, surpris. Rod se redressa. Il prit une grande inspiration, ferma les yeux, expira puis sourit.

La soirée s’était rattrapée, finalement. On avait même eu une course.

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